Alors que partout en France se tenaient les élections municipales, les Perpignanais sont (certes, sans conviction : 43% d'abstention) eux aussi allés voter. Je suis née à Perpignan et y ai grandi, entourée de ma famille qui, sans être complètement catalane, y est ancrée depuis plusieurs générations. Quelle n'a pas été ma surprise en sortant de mon bureau de vote du XIVe arrondissement de Paris, où j'avais aidé au dépouillement, lorsqu'un ami m'a interpellée : «Eh Claire ! T'as vu les résultats à Perpignan, Aliot en tête avec 34% selon les estimations !» Trente-quatre pour cent. Un tiers des habitants (ou plutôt des votants) a donc décidé de donner sa voix au compagnon de Marine Le Pen, représentant du Rassemblement bleu Marine pour la ville de Perpignan, et son département, les Pyrénées-Orientales. Passé ma première réaction – une bardée de jurons ponctuée de «quelle misère», «on va donc devoir supporter la trogne de la Marine régulièrement» et «cette ville était si belle» –, cela m'a plus tard dans la soirée poussée à une réflexion plus profonde.
Outre la montée du Front national partout en France, permise par une savante dédiabolisation du parti, commencée lorsque le père a passé la main à sa fille – mon dentiste qui a, il y a quelques années, assisté au mariage de Mlle Le Pen avec M. Iorio dans un grand hôtel de la côte espagnole m'avait déjà alors affirmé «cette femme est une vraie boute-en-train, qu'est-ce qu'on a ri !» – mo