Il est 9h30, à Hénin-Beaumont, ce dimanche. Le Front national Steeve Briois doit être élu maire dans une demi-heure par le nouveau conseil municipal. Dehors, dix fourgons de CRS. Dans le café Bellevue, juste en face de la mairie, Ali, 68 ans, ancien taxi, jette un œil à travers la vitrine, et parle pour rire à sa mère morte. «Ah, Ima, Ima, quand je pense à mon Hénin-Liétard, quel cirque. Hénin-Liétard, c'était une ville joyeuse, partageuse, heureuse. Maintenant, si tu vas toquer chez le voisin pour demander du sel, il te regarde comme un extra-terrestre. Il y a des moments, je regarde plus les gens, j'ai peur qu'ils se sentent agressés.» Il a calculé : «A Hénin-Beaumont, c'est l'abstention qui a gagné. Il y a eu 6744 abstentionnistes, et Steeve Briois a été élu avec 6006 voix.». Dans l'escalier qui mène à la salle du conseil, un militant FN serre la main de Guy Cannie, conseiller régional FN. «Monsieur le ministre», dit l'autre. Cannie se marre : «Pas encore, en 2017. Quand Marine sera présidente.»
10 heures. Dans la salle, Marine Le Pen est au premier rang du public. On reçoit des SMS : des militants de gauche se plaignent de ne pas avoir pu rentrer, bloqués «par la police ou par un service d'ordre». Dans le public, le Front national est majoritaire, pas toujours d'Hénin-Beaumont. Gérard Dalongeville n'est pas là, il avait prévenu, il viendra au débat d'orientation budgétaire. L'ancien maire, qui a pris trois ans de prison pour