Depuis deux ans, Manuel Valls n'a jamais cessé de mettre en scène son ambition. De déplacements en confidences, le ministre de l'Intérieur a organisé la chronique de son arrivée certaine à Matignon. Libération a retenu trois moments.
Le 23 juin 2013, dans les airs, entre Doha et Amman
L'avion présidentiel de François Hollande vient de décoller de Doha (Qatar), depuis une dizaine de minutes. La caravane de journalistes, assis à l'arrière, attend un hypothétique off du Président. Mais à la place de Hollande, c'est un Valls en bras de chemise (blanche, forcément) qui vient pour une causerie. Il s'assoit dans un des fauteuils première classe de l'avion. Il attend les résultats du second tour de la législative partielle de Villeneuve-sur-Lot. Il veut parler politique, du FN, de «la crise d'identité» qui prospère dans le pays. «La digue a sauté, dit-il. Marine Le Pen a réussi son entreprise de dédiabolisation. On va vivre pendant longtemps avec une droite populiste.» Il parle en off. Et s'autorise une critique en règle (mais toujours en creux) de Matignon. Il s'interroge à haute voix : «Comment faire des réformes ? Comment faire autrement ? Oui, c'est vrai, cette méthode de gouvernement est anxiogène pour les Français.» Pour lui, l'amateurisme du gouvernement (et donc de Jean-Marc Ayrault) a une responsabilité «non négligeable dans la défiance de la parole politique». Les journalistes politiques ont sorti leur calepin. Valls irradie : «On ne pourra pas rassurer l'électorat po