Valls viril. Il dit souvent «mano a mano», et cela renvoie peut-être à ses origines catalanes. Comme sa famille de résistants au franquisme - son père peintre a émigré en France pour échapper à la dictature dans les années 40 -, Manuel Valls a la tête dure, le sang chaud, un goût prononcé pour les rapports de force. Et une arrogance intellectuelle assumée. Accompagnant François Hollande, candidat à la présidentielle et invité de la rédaction de Libération à l'hiver 2011, Valls, alors dircom du chef de file socialiste, s'assoit dans la salle bondée de journalistes, sort son Blackberry et pianote ce SMS : «Suis à Libé (beurk) si tu voyais les questions !» Dans la maison-atelier paternelle, face à l'île Saint-Louis, n'a-t-il pas croisé enfant le philosophe Vladimir Jankélévitch et le dessinateur Hugo Pratt ? La vie d'artiste, mais pas de bohème - catholicisme parental oblige.
Valls ombrageux. Son sens de l'humour passe rarement par lui. Quand on le croise quelques semaines plus tard à la Maison des métallos à Paris, discutant avec Benoît Hamon en marge de la présentation du programme de Hollande et qu'on plaisante de cet échange entre aile droite et aile gauche du PS, il explose : «Ah, voilà la gauche rance !» La gauche des droits de l'homme, forcément archaïque, très peu pour lui. «Sortons d'un discours militant et compassionnel qui relève de l'irresponsabilité»,<