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Libération
Billet

De l’usage du «factchecking»

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publié le 3 avril 2014 à 18h06

Et si, finalement, le factchecking était mauvais pour le débat public? Les colonnes de Désintox ne sont pas en théorie l'endroit où instruire ce procès, mais voilà, comment ne pas se poser cette cruelle question après l'inaudible débat d'entre-deux-tours à Paris entre NKM et Anne Hidalgo ? Comme la présidentielle 2012, les municipales 2014 se sont déroulées sous l'œil de bataillons de redresseurs de chiffres. Le bilan est clair : cela n'empêche pas les responsables politiques de mentir. Les médias font la preuve qu'ils charcutent et bidouillent faits et chiffres ? La plupart des intéressé(e)s n'en ont cure. Est-ce là un échec ? Non, car le but est de rectifier les faits à l'attention des lecteurs et citoyens, pas d'éduquer le personnel politique.

Ce qui est plus troublant, c'est que si les responsables politiques tiennent peu compte pour eux-mêmes des rigueurs du factchecking, ils ont en revanche très bien intégré l'avantage qu'il y a à en user dès lors qu'il s'agit de dénoncer les mensonges des autres. Ainsi donc a-t-on vu Anne Hidalgo et Nathalie Kosciusko-Morizet s'envoyer à la figure, pendant une heure de débat, tel «décodage», ou «désintox». Le mensonge de l'une devenant l'argument de campagne de l'autre. Et vice versa. Tout ceci se muant en tourbillon de chiffres assénés et illico démentis, faisant oublier ce qui se cache derrière, c'est-à-dire l'essentiel. Ainsi détourné, le factchecking qui doit être un adjuvant au débat public se retrouve, telle une