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Libération

Tardive lettre d’excuses chantournées à Ségolène

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publié le 7 avril 2014 à 19h26

Ma chère Ségolène,

Tu ne vas pas me croire, mais je me félicite de ton retour en avant-scène.

Cette satisfaction n’a rien de politique. En la matière, je n’ai pas plus évolué que toi et nos visions du monde demeurent peu conciliables. Tu es sécuritaire quand je suis libertaire. Tu es une sociale-libérale hybridée de national-populisme, oui c’est un peu compliqué, mais tu es ainsi, quand je suis fouriériste, anticapitaliste et internationaliste. Il y a toutes les raisons que tu t’entendes avec Valls, quand je ne veux pas y songer.

Il n’y a que sur la transition énergétique que nous pourrions trouver un accord. Encore faudrait-il que tu acceptes de poursuivre la recherche sur les gaz de schiste ou sur les OGM, afin de préférer l’intelligence aux anathèmes régressifs.

Ensuite, ce n’est pas une tardive reconnaissance de tes mérites jusque-là ignorés. Comme le chante Julio Iglesias, toi non plus, tu n’as pas changé. Tu vas continuer à pratiquer à ta façon, baroque et foutraque, instinctive et personnelle, tambourinaire et fracassante. Tu vas attraper au bond les récriminations de l’instant, envoyer le boomerang de l’opinion au visage du pouvoir dont tu feras partie et jouer les fausses rebelles de l’intérieur.

Non, c’est qu’à force de te voler dans les plumes, j’ai fini par m’attacher à ton ramage. Et que mon goût pour les perdants magnifiques me fait te considérer autrement. Tu as perdu la présidentielle 2007 et c’était une belle raclée. Tu as congédié publiquement le père de tes enf