Après Passion arabe, un voyage au Moyen-Orient durant les révolutions publié l'an dernier, Gilles Kepel, professeur à Sciences-Po, entreprend cette fois un périple de Marseille à Roubaix, à la rencontre des candidats issus de l'immigration qui se sont présentés aux législatives de 2012. Dans Passion française qui vient de sortir (éd. Gallimard), le spécialiste du monde arabe décrit une nouvelle génération assumant ses aspirations démocratiques tout en se confrontant à la question de l'islam en France. Entre communautarisme, vote FN et intégration politique, quel avenir pour ces nouveaux élus ? Quelle réception des électeurs musulmans ?
En quoi les législatives de 2012, sans doute plus que les municipales de 2014, ont-elles été un scrutin notable ?
Ce scrutin a été marqué par la présence, pour la première fois, de plusieurs centaines de candidats d’ascendance maghrébine ou, dans une moindre mesure, africaine, principalement dans des circonscriptions populaires. Il y en avait environ 400 - majoritairement des femmes et d’abord au PS pour ce qui est des places éligibles - sur un peu plus de 6 000 candidats. Soit environ 8%, l’équivalent de leur proportion dans la population française. Une demi-douzaine d’entre eux sont entrés à l’Assemblée nationale. C’est la première fois que cela se produisait depuis 1962 et la fin de l’Algérie française : il y avait alors 49 députés musulmans à la Chambre - mais cela n’avait pas la même signification. Aujourd’hui, cela traduit d’abord la nouvelle démographie des quartiers populaires dans les villes grandes et moyennes, où la présence de