Le Premier ministre a consacré un long moment de sa déclaration de politique générale à l'organisation territoriale du pays. Il a proposé la suppression - pour 2021 - des conseils départementaux (ex-conseils généraux) et la fusion des régions d'ici à 2015. Cette perspective, purement comptable, ne s'appuie sur aucune pensée, ni aucun projet politique, concernant l'organisation territoriale du pays. On peut être d'ailleurs surpris de l'enthousiasme avec lequel ces propos ont été accueillis par la presse (hormis Libération et les Echos), sans doute en mal d'annonces et de mesures énergiques. Cependant cette annonce - pour autant qu'elle soit suivie d'effets - n'est pas sans conséquences sur l'organisation du territoire. Au-delà de son modernisme apparent, et de l'énergie louable avec laquelle elle est présentée, elle s'inscrit dans une lecture dépassée des enjeux du système territorial français.
Elle ne s’attaque pas au problème central de la fragmentation communale qui entretient une dynamique de dispersion. Chaque commune se «bat» pour assurer un niveau minimum de population, d’équipements et de services. Le résultat en est la prolifération des maisons isolées, l’allongement démesuré des réseaux, la multiplication des équipements et des coûts de fonctionnement afférents. Pour une population supérieure, l’Allemagne compte deux fois moins d’écoles primaires que la France, ce qui l’autorise à s’occuper plus des enseignants et des élèves que des bâtiments ; en L