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portrait

Jean-François Fountaine, de la mer à la mairie

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Marin de talent et patron de chantier nautique, ce fédérateur a fini par prendre d’assaut la ville de La Rochelle en dissident PS.
Jean-François Fountaine à l'hôtel de ville de La Rochelle, le 9 avril 2014. (Photo Théophile Trossat)
publié le 16 avril 2014 à 18h06

Les campagnes, qu'elles soient militaires ou politiques, imposent toujours, à ceux qui les mènent, des moments de vérité. C'est un instant délicat où, entre deux parties de soi, il faut trancher et, partant, se trahir un peu. Ces affres-là, Jean-François Fountaine n'y a pas échappé. On est au soir du 1er décembre 2013. Les urnes socialistes ont parlé en sa défaveur. Pour 34 voix, l'ancien régatier, qui avait promis urbi et orbi de se retirer du jeu en cas d'échec à la primaire, doit s'exécuter. Au risque du déshonneur ce qui, pour un marin, n'est pas rien. «Jean-François était abattu, prêt à raccrocher», raconte un convive. «Mais le lendemain, on nous a parlé de pressions sur les votants et de bourrage d'urnes. Il s'est dit qu'il s'était fait rouler par l'appareil du parti. Le sang a commencé à lui chauffer.» Le soupçon de tricherie l'affranchit, tranche-t-il, du devoir moral. Jean-François Fountaine maintient sa candidature. En dissident. Porté par la conviction intime que personne mieux que lui ne «sent» La Rochelle.

Pour se raconter, Fountaine ouvre une porte. Interdite au public, elle conduit à ce qui fut l'imposant bureau du maire avant l'incendie qui, il y a un an, a ravagé la bastide fortifiée. Cette pièce noircie de suie, il y a pénétré pour la première fois en 1981, accueilli par Michel Crépeau, le charismatique édile de la ville. «Je venais lui soumettre un projet de bateau qui porterait les couleurs de la Charente-