Le souffle et la détermination qui avaient porté la semaine dernière son discours de politique générale semblaient s’être soudainement envolés. Comme si la présentation des 50 milliards d’économies avait été décidée dans l’urgence. Sous la pression conjuguée d’une Commission européenne soucieuse de voir la France respecter ses engagements budgétaires et d’une majorité de plus en plus sourcilleuse quant aux promesses sociales du gouvernement.
Résultat, Manuel Valls a présenté hier une facture chargée de zones d’ombre et de non-dits, élaborée selon la technique du rabot qui consiste à rogner ici et là quelques milliards, plutôt qu’une réforme de structures, un «travail en profondeur» pourtant promis par Michel Sapin il y a quelques jours. Le Premier ministre n’a ainsi rien dit de précis sur la façon dont l’Etat allait faire 18 milliards d’économies. Comment les collectivités locales devraient gérer la rigueur sans augmenter les impôts. Il n’a pas dit grand-chose non plus des 10 milliards d’euros que devra trouver l’assurance maladie, en dehors du recours aux médicaments génériques. Il a en revanche expliqué comment cette stratégie du rabot s’appliquerait aux fonctionnaires, aux retraités, aux catégories très modestes, jusqu’aux bénéficiaires du RSA, qui ne bénéficieront pas de la revalorisation prévue. Imprécise et douloureuse, la note risque finalement de mécontenter tout le monde, et notamment la majorité socialiste. Sans même être sûr que le rabot suffise à dégager les 50 mi