Isabelle Resplendino est déléguée de l’association Autisme France, en charge des Français en situation de handicap en Belgique., Elle habite près de la frontière, dans la province du Hainaut.
Comment se fait-il que la France n’ait pas suffisamment d’établissements spécialisés ?
On prend le problème à l’envers. Si on scolarisait plus les enfants handicapés, beaucoup deviendraient des adultes autonomes et nous ne serions pas dans cette situation de pénurie. C’est parce que la France ne se donne pas les moyens d’éduquer ces enfants que nous en sommes là aujourd’hui. La situation s’aggrave de jour en jour. C’est une bombe qui est en train d’exploser.
Pourquoi ?
L’espérance de vie des personnes handicapées progresse énormément. Les places ne se libèrent que quand les gens meurent. La pénurie est telle que les associations gestionnaires des établissements en France font leur marché. Elles se gardent les cas les moins lourds, et les autres sont envoyés en Belgique.
Pourquoi la Belgique ?
La raison est historique. Ça remonte à la Révolution française, quand les religieux ont fui la France. A l’origine, eux seuls s’occupaient des enfants handicapés. Ils ont donc continué, mais en Belgique. Pendant des années, c’était complètement anarchique, ces enfants étaient pris en charge dans des instituts sans aucune réglementation. Ce n’est qu’en 1995 qu’est apparu le premier décret belge pour un peu réguler le secteur. Depuis, les Français continuent d’être envoyés en Belgique, parce que ça coûte moins cher.
La raison est donc financière ?
Pour moi, c’est surtout un manque de courage politique. Car enfermer des personnes dans des hôpitaux ou des