[Cet article a été initialement publié avec une photo montrant une jeune résidente, de dos, dans une pièce d'isolement très dégradée. La photo a été retirée à la demande de la famille.]
On pénètre par l’entrée de service. Un long couloir étroit et sombre. Au bout, une porte fermée à double tour. Derrière, six personnes, très lourdement handicapées. Elles se déplacent avec difficulté, essaient de parler, mais leurs propos ne sont pas compréhensibles. Quatre hommes et deux femmes, entre 20 et 60 ans, déficients mentaux et physiques. Après quelques minutes de flottement, nous comprenons qu’ils sont seuls, livrés à eux-mêmes dans cet immense vestibule où tout résonne. Aucun éducateur n’est là pour les surveiller. Un jeune homme est accroupi, la tête entre les bras. Il ne bouge pas, la bouche pleine de dentifrice.
Bienvenue aux Boutons d'or, l'un des établissements du groupe le Carrosse, accueillant exclusivement des personnes handicapées françaises. 6 000 mètres carrés dans une belle bâtisse en brique rouge, qui a longtemps servi de couvent. «Un lieu verdoyant, calme et apaisant situé au cœur du village de Celles, entre les villes de Renaix et Tournai», indique la brochure sur Internet. Vivent ici à l'année 40 personnes atteintes de troubles sévères du comportement parfois accompagnés de handicaps physiques lourds. Leur autonomie est proche de zéro. Du vestibule, nous entendons un brouhaha diffus derrière une porte, elle aussi fermée à clé. C'est l'une des «salles de vie»