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Libération

Handicap, le revers de la filière belge

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Depuis des années, la France sous-traite la prise en charge d’une partie de ses handicapés à la Belgique. Plongée dans un système où la loi du marché prend parfois le pas sur la santé.
Une jeune résidente des Boutons d'or, à Celles (Belgique), est à l'isolement. [Cette photo a été retirée à la demande de la famille de la jeune résidente] (Photo Libération)
publié le 24 avril 2014 à 19h56

Toute sa vie, Hélène, 77 ans, a redouté ce moment. Son fils est trisomique. Elle l'a gardé chez elle le plus longtemps possible. «Mais il fallait bien un jour lui trouver une structure d'accueil. J'ai cherché, cherché…» Pas une place de libre. L'été dernier, elle s'est résolue à accepter la proposition des autorités : envoyer son enfant en Belgique. «Le long de la frontière, il y a plein de centres, vous aurez le choix. Vous voulez des adresses ?» lui a proposé l'assistante sociale.

«Intolérable». La France sous-traite depuis des années la prise en charge d'une partie de ses ressortissants handicapés, surtout mentaux, à la Belgique. Certaines familles y vont d'elles-mêmes, épuisées d'attendre une hypothétique place ou attirées par des méthodes éducatives qui n'existent pas en France. Mais d'autres y sont forcées : dès que le cas est un peu lourd, «complexe» comme on dit, les portes se ferment. «Que la France, cette république, se décharge ainsi de ses citoyens handicapés, c'est intolérable», s'énerve Bernard Peyroles, président de l'association Andephi, qui regroupe des parents de personnes handicapées. Il se bat pour que l'Etat prenne enfin ses responsabilités. D'autant que la prise en charge est parfois calamiteuse côté belge, comme a pu le constater Libération (lire