«C’est quoi, ces accusations délirantes ? Qu’on se le dise : à aucun moment, je n’ai été en situation de conflit d’intérêts ! Lorsque j’étais fonctionnaire à l’Igas, ce corps d’inspection chargé des affaires sanitaires et sociales, c’est vrai, j’ai reçu 12 500 euros du laboratoire pharmaceutique danois Lundbeck. Et alors ? Ce n’était pas pour me tourner les pouces ! C’était du travail réel. Pour ce prix-là, j’ai organisé pas moins de deux rendez-vous avec des membres du Comité économique des produits de santé. Cela a permis à Lundbeck de défendre leur dossier auprès des bonnes personnes. Quel mal y a-t-il à cela ? Ils cherchaient à stabiliser le prix du Seroplex, un antidépresseur. Ça les a aidés, voilà tout. Plus de sept ans après les faits, on vient me chercher des poux dans la tête. On me dit que j’ai omis de déclarer ces activités à l’Igas. C’est possible, je ne me souviens plus. Mais de toute façon, ça aurait changé quoi ?
«J'ai l'impression que, dans cette histoire, on fait comme si entretenir des relations et s'en servir était un crime. Mais, enfin, dans quel monde vivent ceux qui pensent ça ? Ont-ils lu les travaux du dénommé Ronald Burt ? Je leur conseille. Au début des années 90, ce sociologue américain a étudié les mécanismes de la carrière des cadres à l'intérieur d'une firme spécialisée dans la haute technologie (1). Il a montré que ceux qui obtenaient des promotions le devaient, certes, aux compétences dont ils pouvaient attester, mais aussi à des caractéri