On se souvient- ou on le retrouvera aisément - de l'épilogue du conte tragique d'Alphonse Daudet, la Chèvre de monsieur Seguin. Aujourd'hui, nous sommes tous, électeurs lucidement trahis, députés candidement cocus ou salariés cyniquement grugés, les chèvres plus ou moins de gauche de François Hollande dans le rôle de monsieur Seguin qui, pour notre bien, naturellement, nous enferma dans un enclos étroit, nous interdisant raisonnablement l'air des cimes, du «changer la vie» et de la liberté. Qu'il prenne la forme des marchés financiers, de la réduction des déficits publics, des milliards volés aux pauvres pour être donnés aux riches, d'une «social-démocratie» assassinant derechef Jaurès sur la tombe de Jaurès, d'un patron roublard ou d'un spéculateur triomphant, le loup libéral (c'est une louve, appelons-la Tina, comme There Is No Alternative) s'applique à notre commune dévoration.
C'est pitié de voir comme, de mois en mois, tant de promesses et autant de mensonges, auxquelles et auxquels nous avons désespérément voulu croire, nous ont laissés sur le flanc. Cependant, à la différence de Blanquette mais à l'instar de la trop grande majorité des parlementaires estampillés PS, nous n'aurons guère distribué de coups de cornes. Durant cette longue nuit qui s'achève sans augurer d'aube radieuse, nous avons prié et supplié le destin, la relance, le droit, notre histoire avec celle du socialisme - et jusqu'à, pour certains, la bonne foi des capitalistes en général et