Les socialistes sont malheureux. Nombre d’entre eux - l’aile gauche, une fraction significative des parlementaires, une forte proportion des militants, un pourcentage important des électeurs - n’ont jamais été à l’aise avec le pouvoir. Ils le sont moins que jamais et cela se comprend. Ils viennent d’essuyer une déroute électorale historique et redoutent une défaite brutale aux élections européennes. Ils constatent l’impopularité record du Président, ils vérifient que la marge de la politique devient de plus en plus étroite, que le poids des contraintes économiques se fait chaque année plus lourd. Ils rêvaient d’imposer le souhaitable au possible, ils découvrent, qu’avec la crise, le souhaitable devient impossible et que le possible est bien austère. Ils ne se sont jamais tout à fait convertis à la culture de gouvernement, ils recommencent à la détester, comme toujours quand la réalité impose sa férule grinçante. Ils avaient ainsi regimbé en 1983 après le grand tournant du mitterrandisme, ils s’étaient rebiffés en 1992 contre la ligne Bérégovoy, ils se cabrent face à la stratégie économique Hollande - Valls. Dans l’opposition, les socialistes sont souvent des idéalistes, c’est ce qui leur vaut une part de paradis. Au pouvoir, ils deviennent des idéalistes amers, c’est ce qui leur vaut un temps de purgatoire. Nous y sommes. Plusieurs dizaines de parlementaires s’agitent, la moitié de l’électorat s’éloigne, les 3/4 des militants protestent. Pour eux, la gestion a le visage de l
Les socialistes et la culture de gouvernement
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par Alain Duhamel
publié le 1er mai 2014 à 18h06
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