«Tout, dit-elle, a échoué dans leur Union européenne, tout sans exception.» Alors passons sur ce «leur» de Mme Le Pen, sur cette manière de désigner des forces occultes qui seraient à l'origine d'une ambition aussi repoussante et perverse que celle d'unir les Européens, passons sur cette volonté d'embrouiller les esprits au lieu de les éclairer et prenons ce «tout sans exception», si totalement contraire à la réalité.
Premier pas de l’unité, au tout début des années 50, la Communauté européenne du charbon et de l’acier (Ceca) a non seulement permis de mutualiser les moyens de ses six pays membres au moment où leur reconstruction l’exigeait mais également favorisé un effort commun d’amélioration de la vie des mineurs. Pour être un plein succès, la Ceca aurait dû déboucher sur le lancement de la politique énergétique commune qui manque toujours tant à l’Europe mais elle n’en a pas moins été une réussite, économique et sociale.
En instituant le Marché commun, le traité de Rome a formidablement amplifié, ensuite, le boom économique de l’après-guerre. Il a été le père des Trente Glorieuses dont la reconstruction était la mère. Sans lui, sans ce fondement de la construction européenne, cette période de plein-emploi n’aurait pas été aussi faste. Luttes syndicales ou pas, les salariés européens, surtout, n’auraient pas acquis de si nombreux avantages sociaux que, malgré l’inversion du rapport de forces entre le capital et le travail depui