Il n'a pas encore accroché de tableau de son choix au mur, ni encadré un souvenir personnel qui lui rappellerait que ce bureau est le sien. Pas la peine : depuis un mois, Steeve Briois se sent comme chez lui à la mairie d'Hénin-Beaumont et dans cette pièce haute sous plafond et boisée où il travaille et reçoit à tour de bras, de «7 h 30 à 21 heures». Des années qu'il en rêvait. Persuadé de gagner, «mais peut-être pas au premier tour», il a minutieusement préparé cette revanche arrachée à une ville de gauche du bassin minier. Quand son équipe FN est arrivée à l'hôtel de ville, elle a trouvé «un vaisseau fantôme» : «plus d'ordinateurs» dit un adjoint, «les broyeuses pleines» complète un autre.
Steeve Briois, 41 ans, avait anticipé ses moindres faits et gestes de premier édile. Dans son bureau, il s'entretient avec son assistant. Lui demande de trouver vite une date dans son planning pour signer la nouvelle convention avec les Restos du cœur. Il insiste :«On fera ça dans les salons d'honneur. Officiellement. Et on fera une petite réception…» Son collaborateur a compris : «Oui, avec la presse.» C'est ça. Briois sait qu'il est et sera scruté à la loupe. Hénin-Beaumont, c'est la vitrine du frontisme municipal encouragé par Marine Le Pen, et la clé de voûte d'une stratégie de crédibilisation du FN. «Quand je me suis présenté pour la première fois, il y a des années, ce n'était pas pour faire élire Marine Le Pen en 20