Le week-end dernier, je buvais un verre avec des potes, cinq amis d'enfance avec lesquels j'ai l'habitude de refaire le monde, lorsque je lançais à la cantonade : «Dites donc les gars, qu'est-ce que vous avez prévu le 6 mai, ce serait pas mal de faire quelque chose, non ?» Les visages étaient perplexes. «Qu'est-ce que tu veux fêter le 6 mai, interrogea Pascal ? La sainte Prudence, l'incendie de la cathédrale de Reims, la naissance de Clavier ?» Pascal hypermnésique des dates séchait comme les autres.
«Tu plaisantes, lui dis-je goguenard, le 6 mai, ça fera deux ans que François Hollande a été élu président de la République.
- Que deux ans ! dit Julien qui avait distribué les tracts du candidat sur les marchés !
- Tu veux dire qu'on a encore trois ans à se le coltiner, ajouta Pierre qui, lui, avait collé des affiches.
- Avec Fabienne, on n'en peut plus, renchérit Didier qui avait voté Mélenchon au premier tour.
- Et tu veux célébrer ça ! asséna Ludo, mais t'es complètement marteau !»
Malgré les boutades et les sarcasmes des uns et des autres, je poursuivais mon idée : «Je n'ai pas dit qu'on allait sortir le champagne et faire la fête toute la nuit. Mais ce serait bien qu'on se retrouve quelque part, on ne va pas rester chacun chez soi à broyer du noir !
- C'est vrai qu'il vaut mieux être ensemble, ça sera moins glauque, admit Julien. Pierre l'a dit, il nous reste encore trois ans.