C’est l’histoire d’un calcul bien plus politique que budgétaire. En laissant entendre que tous les ministères - Défense comprise - participeraient aux nouveaux efforts de réduction de dépense publique, François Hollande et Manuel Valls ont fait un choix clair, mais qui risque de faire sérieusement tanguer l’exécutif dans les jours qui viennent.
Après la fronde d'une partie de sa majorité sur le plan d'austérité, le chef du gouvernement doit ménager son aile sociale et financer les gestes fiscaux qu'il lui a accordés. Tailler à nouveau dans le vif côté défense, même cinq mois seulement après l'entrée en vigueur de la Loi de programmation militaire (LPM) 2014-2019, fédérera forcément moins de rebelles à gauche. Le 29 avril, «le boulet des 41 abstentionnistes est passé très très près de la tête du Premier ministre: ça a modifié l'équilibre de la majorité qu'il faut rebâtir. C'est plus facile de passer en force sur des sujets où il y a moins de députés remontés», décrypte un dirigeant socialiste.
«Ministre du reniement»
Peaufinant sa stature de présidentiable UMP sur un sujet ultra-régalien, Xavier Bertrand a levé le lièvre en premier ce week-end. Il assure que Bercy et Matignon envisagent de faire deux milliards de coupes budgétaires annuelles de plus sur trois ans dans la Défense. Soit six milliards au total. Il en a remis une couche mardi, estimant que la «question de la parole présidentielle [était] posée». «Notre sécurité ne peut pas être menacée parce que le chef de l'Etat n'a