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Libération

Les cinq Europe des Français

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publié le 14 mai 2014 à 18h06

L’Europe divise les Français, ce n’est pas une nouveauté. Lors du référendum de Maastricht, en 1992, ou de celui sur le traité constitutionnel, en 2005, la France s’est coupée en deux. Rien d’étonnant à cela : l’Europe est imparfaite, irremplaçable, affreusement complexe. Comment pourrait-il en aller autrement, puisqu’il s’agit d’une entreprise historique totalement inédite, celle de vingt-huit nations décidant démocratiquement de vivre ensemble.

Il n’y a pas de peuple européen, il n’y a pas de nation européenne mais il existe une culture européenne, un mode de vie européen et la nécessité pour le Vieux Continent de construire une union capable de défendre sur son territoire la paix, la démocratie et un modèle social qui, malgré la crise, demeure de très loin le plus protecteur au monde. Rien de tout cela n’est définitivement acquis. La mondialisation entraîne une prodigieuse remise en cause.

Pour compter, peser, s’adapter, il faut s’unir. Encore, faudrait-il être d’accord sur la façon de le faire, sur les modalités, les choix, les politiques, le contrôle démocratique : sur tous ces sujets, en apparence si lointains mais aux conséquences si proches, les Français se dispersent et s’opposent de plus en plus. C’est d’ailleurs l’un des paradoxes de la situation : la France, qui a joué un rôle majeur dans la naissance de l’Europe d’aujourd’hui, peut être sa principale idée neuve depuis la Libération, la France devient le lieu d’une âpre confrontation entre cinq conceptions de l’Eur