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Libération
TRIBUNE

L’antidote au Front n’est pas national !

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par Yannick Jadot et Philippe TORRETON, Comédien
publié le 15 mai 2014 à 18h06

Il y a quelque chose de surréaliste à voir le Front national (FN) progresser dans les sondages sans que nos dirigeants esquissent le moindre changement. L’abstention comme le vote extrême traduisent pourtant un état de légitime défiance des citoyens vis-à-vis de ces gens qui se battent pour accéder au pouvoir mais renoncent à combattre les inégalités. Désormais le vote FN est le refuge dans lequel les déçus du système rejoignent ses victimes, lassées des promesses non tenues et des politiques comptables qui laissent territoires et citoyens démunis face aux crises sociales et environnementales.

Il ne suffit plus de dénoncer la «bête immonde» pour réduire à néant la menace de son accession au pouvoir, ni d’agiter l’étendard de l’Etat pour pourfendre les peurs, ou encore d’invoquer la sacro-sainte république pour soigner les confiances meurtries. A l’heure où tout est transnational, où l’extrême droite progresse partout en Europe, cessons de croire à un antidote français pour soigner le mal incarné par Marine Le Pen.

Voyons les faits en face : à trop vouloir conserver un pouvoir strictement national, nos dirigeants en ont perdu la puissance et notre système politique se fige dans sa propre mise en scène. Comment imaginer qu’un Etat peut, à lui seul, répondre à l’urgence climatique, faire entendre raison à Mittal, Alstom et à la spéculation financière, tenir tête à Poutine lorsqu’il menace l’Ukraine ?

Mais où aller chercher ces nouveaux espaces de souveraineté collective et individ