Sur l'air de la loyauté. Après deux années passées à ne pas prononcer un mot plus haut que l'autre sur François Hollande et Jean-Marc Ayrault, pas question pour Martine Aubry que l'on décèle la moindre hésitation face à Manuel Valls dans son discours. Jeudi soir, pour la première fois depuis l'arrivée de Valls à Matignon, la maire de Lille et le Premier ministre font estrade commune pour la cause européenne dans la capitale du Nord. Entre les deux dirigeants socialistes, les motifs de clash ont été légion ces dernières années mais ce soir, leurs entourages aplanissent le terrain. «Si on a envie de dire quelque chose, on ne va pas dégainer pendant une campagne européenne, on est des gens responsables», sourit un proche d'Aubry dans les travées de la Halle Saint-Sauveur.
«Mon cher Manuel», entame donc l'ex-première secrétaire du PS, remerciant le Premier ministre de sa présence. «Il n'était pas évident de se lancer dans cette campagne quand on a à redresser la France, mais tu l'as fait. Tu veux être au premier plan pour te battre contre une Europe qui est loin des peuples et porter cette nouvelle direction que nous voulons pour l'Europe. Cela montre aussi ton courage - il est évident - tant est lourde ta tâche», souligne-t-elle. Soit des félicitations sur la forme et rien sur le fond de la politique menée par le nouveau Premier ministre. Ni le lieu, ni le moment.
Sous couvert du «off», les députés du premier cercle aubryste s'autorisent à distiller que