Le credo européen a tôt fait de disparaître derrière le plaidoyer pro domo. Pour son premier meeting de soutien aux candidats aux européennes, Manuel Valls s'est surtout attaché jeudi soir à défendre sa politique «de gauche» face à des militants sur la réserve et une Martine Aubry qui l'attendait au tournant. La maire de Lille l'a même gratifié d'un «ça c'est une chanson de gauche» à la fin de la réunion publique sur l'estrade de la halle Saint-Sauveur, quand tout le public reprenait en chœur l'hymne des socialistes du Nord, «Le chiffon rouge», dont le Premier ministre ignorait visiblement les paroles.
Certes, Manuel Valls a parlé d'une «Europe du progrès», martelé les valeurs de solidarité et de paix et brandi le rempart de la gauche européenne contre la montée des populismes sur le continent. Certes, il s'en est pris à Marine Le Pen qui appelle à sortir de l'euro mais aussi Jean-Luc Mélenchon, soit «ceux qui tapent l'Europe». «A force de taper, on finit par casser, les espoirs et les rêves, et on finit par détourner les peuples de l'objectif qui devait les servir », a prévenu le chef du gouvernement, qui tiendra encore des meetings à Evry, Barcelone et Lyon avant le scrutin. Mais sa transition est toute trouvée quand il estime qu'une «France qui se renforce c'est une Europe qui se renforce» : le voilà sur le terrain national.
«Premier ministre socialiste»
Juste avant lui à la tribune Martine Aubry l'a chatouillé sur son flanc gauche sous couvert, elle