Chassé-croisé au portique d'Alstom à Belfort. Les ouvriers du matin sont relayés par ceux de l'après-midi. L'américain General Electic est sur les rangs pour racheter la branche énergie du groupe français. L'allemand Siemens pourrait également se positionner, alors que le gouvernement français rêve d'un «Airbus de l'énergie». Les ouvriers eux, ne sont pas dupes : «Que ce soient les Allemands ou les Américains, ils privilégieront les usines implantées sur leur sol, nos volumes vont fondre, les effectifs aussi», prédit Raphaël, technicien logistique depuis vingt-cinq ans chez Alstom. A ses yeux, une politique industrielle européenne est «impossible» : «Personne ne joue collectif, chaque pays veut tirer son épingle du jeu.» Surtout, il est «trop tard», «il faudrait reprendre la construction européenne depuis le début, redistribuer les parts du gâteau».
Quant à Damien, la quarantaine, pour empêcher qu'un Arcelor bis ne se joue ici, il ne compte pas sur l'Europe - «une somme d'intérêts nationaux» - mais fait «confiance à l'outil industriel et au savoir-faire non délocalisable d'Alstom». Les «extrêmes» l'inquiètent : «Ce serait introduire encore plus de division.»
«Tenu à l'écart». C'est précisément dans ce but que dimanche, Jérôme glissera, lui, un bulletin FN dans l'urne : «On ne pourra pas redresser la barre ensemble, l'élargissement a été trop rapide et les