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Tribune

Des rimes pour Mélenchon

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Pourquoi «le Petit Larousse», qui vient de dévoiler ses 150 nouveaux mots, a-t-il oublié «mélenchonnade» ?
Jérôme Kerviel et Jean-Luc Mélenchon, en juillet 2013. (Photo François Guillot. AFP)
par Par Pierre Weill, créateur et ancien président du groupe SOFRES
publié le 22 mai 2014 à 18h12

Cent cinquante mots nouveaux, apprend-on, vont entrer dans le Petit Larousse. Ils sont censés adapter notre belle langue aux évolutions de la société. A mon humble avis, les «sélectionneurs» de néologismes, plus ou moins utiles, en ont oublié un, majeur : «mélenchonnade». La définition pourrait en être ainsi rédigée : «Expression applicable aux outrances de qui pense faux, mais parle fort.»

Jean-Luc Mélenchon vient en effet de grossir le flot de ses débordements verbaux, en comparant carrément le cas de Jérôme Kerviel à celui du capitaine Dreyfus. Car pour le tribun enflammé de l’ultra-gauche, le trader est innocent de tous les crimes pour lesquels la justice française, probablement complice − il ne le dit pas, mais il le pense sûrement − l’a condamné à trois ans de prison ferme. Kerviel n’aurait été en fait que le jouet inconscient de la finance apatride, de ces affreux banquiers trop heureux de trouver quelqu’un à qui faire endosser – c’est le mot – leurs turpitudes aventureuses.

Que Michel Sapin, homme de gauche lui aussi, mais de l'autre, traite Kerviel d'«escroc», ou que son ami Pierre Laurent, patron du Parti communiste, déclare que le trader a prêté «la main directement au système spéculatif», rien ne freine Mélenchon en pleine «hystérisation», pour employer l'un de ces mots nouveaux − qui, lui, se passe de définit