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Libération
Interview

«Un politique se doit de disposer de sources individuelles de financement»

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Jean Garrigues, universitaire, professeur d’histoire contemporaine.
publié le 22 mai 2014 à 19h56

Professeur d'histoire contemporaine à l'université d'Orléans, Jean Garrigues a notamment publié les Scandales de la République, de Panama à l'affaire Cahuzac» (Nouveau Monde).

L’affaire Bygmalion vous fait-elle penser à d’autres affaires ?

Elle s’inscrit dans un vrai questionnement, qui n’a jamais eu lieu, sur les dépenses des partis politiques. La question des sources de financement est, elle, apparue sur le devant de la scène au début des années 90 et elle a abouti à un certain nombre de lois en 1995 et 1996. Or, il y a clairement lieu de s’interroger sur l’inflation des dépenses des partis politiques, alors que leur détail échappe largement au contrôle de la Commission nationale des financements politiques. L’affaire Bygmalion pose de nombreuses questions qui ont trait au favoritisme, au clientélisme et plus largement à l’idée d’un système dans lequel on privilégie des proches ou ceux avec qui on partage des intérêts. C’est très différent des grandes affaires de financement, mais on navigue là aussi dans le monde l’opacité.

La multiplication des micropartis, ces dernières années, a modifié le financement des ambitions politiques, en dehors des partis traditionnels…

L’argent reste le nerf de la guerre dans la conquête du pouvoir et aujourd’hui, les contournements des lois qui encadrent les dons aux partis se font de plus en plus au profit d’un individu et de son ambition. Sur le mode de l’écurie personnelle. Présidentialisation du système oblige, un homme politique de premier plan se doit désormais de disposer de sources individuelles de financement.

Libération a mis en lumière les factures faramineuses réglées par l’UMP à Bygmalion. Le Canard enchaîné a, lui, pointé les tout petits tarifs pratiqués par cette société avec Génération France, le microparti de Copé…

Les dirigeants de Bygmalion sont des proches du président de l'UMP, c'est la communauté d'intérêts que nous évoquions tout