Un vote, deux enjeux : l’un français, l’autre européen. Jusqu’à dimanche, 23 heures, 400 millions de citoyens de l’UE sont appelés aux urnes pour élire les 751 députés européens qui siégeront pendant cinq ans entre Bruxelles et Strasbourg. En France, 46 millions de personnes sont invitées à élire 74 eurodéputés répartis en huit grandes circonscriptions. Et dans une campagne ultracourte, l’enjeu supranational - pour la première fois, le Parlement élira directement le président de la Commission - a eu du mal à percer le mur du fait politique domestique annoncé : le Front national en tête.
Un pronostic médiatique dont le parti de Marine Le Pen a fait un outil de propagande. S'appuyant sur plusieurs sondages qui le donnent au coude à coude avec l'UMP, elle et ses troupes ont beaucoup fanfaronné sur le sujet, transformant le FN en possible «premier parti de France». Aux dernières européennes, en 2009, le Front national avait obtenu 6,34%. Une certitude : il fera mieux. «FN en tête ou pas en tête, ce n'est pas le vrai débat, nuance Jean-Daniel Levy, directeur du département politique et opinion de Harris Interactive. La question, c'est à quel niveau et sur qui il aura pris, notamment l'UMP.» Surfant sur l'euroscepticisme, Le Pen veut transformer l'élection en «référendum» et envoyer «un signal très clair à l'Europe comme au gouvernement». En cas de pole position, elle appellera à une «dissolution» et imagine que s'ouvrira alors