Joël Gombin, politologue, est spécialiste du Front national et de ses dynamiques électorales.
Le FN en tête, quelle lecture faut-il en faire ?
On dira sûrement que cela valide la ligne de Marine Le Pen sur l’Europe. Pourtant, ce n’est pas si évident : l’hostilité à l’Europe n’est pas le facteur premier qui conduit ses électeurs à se manifester dans les urnes. Ce n’est pas le retrait de l’euro qui est moteur. Ce n’est pas la cause du succès du FN, ou en tout cas, pas la cause unique : il ne faut pas oublier que l’électorat FN lui-même est divisé sur la sortie de l’euro et de Schengen, et que deux tiers des électeurs FN disent se prononcer selon des considérations nationales (plutôt qu’européennes), contre plutôt un tiers pour le reste de l’électorat.
Quelle est votre analyse de la campagne du FN ?
Depuis que Marine Le Pen a pris la présidence du parti, le discours néosouverainiste porté par Florian Philippot prend de l’ampleur. Le FN a fait le choix d’une campagne sur l’Europe, cela ne va pas de soi. Avant, il se contentait de servir un discours généraliste, sur l’immigration, la sécurité, les élites. Mais on voit qu’il y a aussi une nécessité permanente pour le FN de revenir à ses fondamentaux. On peut interpréter la sortie de Jean-Marie Le Pen sur Ebola de cette manière.
Le FN a-t-il eu une dynamique propre ou a-t-il bénéficié d’une campagne plutôt atone ?
C’est difficile de démêler les deux. Depuis les municipales, il n’y a pas