Réagir face au discrédit politique. En arrivant en tête des élections européennes, Marine Le Pen a provoqué un effet de sidération en France et bien au-delà. Sa victoire est le symptôme du malaise démocratique sapant les fondements du pacte républicain. «Ce vote, c'est une défiance à l'égard de l'Europe […] des partis de gouvernement, de la majorité comme de l'opposition, […] à l'égard de la politique», a noté hier soir François Hollande dans une allocution, sans prendre toute la mesure de la déflagration. Ou de l'incapacité des partis traditionnels à parler la même langue que leurs concitoyens. Manuel Valls, dans son discours de politique générale, avait, lui, posé un implacable constat sur le divorce entre les Français et leurs représentants : «Beaucoup de nos compatriotes n'y croient plus. Ils ne nous entendent plus. La parole publique est devenue pour eux une langue morte.»
Année Zéro. Dimanche, les 43,4% des Français qui n'ont pas boudé les urnes ont décidé de renverser la table. Un quart a voté pour un parti d'extrême droite prônant la préférence nationale et la sortie de l'euro, moins de 14% - du jamais vu - ont glissé un bulletin PS, les Verts sont dilués à 9%, le Front de gauche échoue à incarner une alternative de gauche. Quant à la droite républicaine, elle est au tapis par le simple fait de ne plus être le premier parti d'opposition. Résultat, un paysage politique proche de l'année zéro, dévasté comme après l