C’est son 21 avril. Douze ans après son père, Marine Le Pen a dépassé l’exploit familial en s’imposant devant les partis de gouvernement à une élection nationale. Sans procéder comme lui mais sans déroger non plus aux traditions du Front national, elle a profité d’un contexte particulièrement favorable. Entre confusion à droite, hébétude à gauche et crise économique, sa méthode a fonctionné. Et cette fois, il n’y a personne dans la rue pour lui faire barrage. Analyse des clés de sa réussite.
Une marque imposée
Plus que le Front national, la marque Le Pen, de père en fille depuis 1972, est durablement imprimée dans le paysage politique. «C'est ce qui tient tout l'édifice, assure Nicolas Lebourg, historien du Front national. Jean-Marie Le Pen a mis son nom dans la tête des gens et ça passe de génération en génération.» Comme la statue de Jeanne d'Arc, le drapeau tricolore et la flamme, emblèmes de la maison. Le fondateur a lui-même confié (1) : «Quand on a une marque comme celle-là, on la garde.» A 85 ans, le sulfureux patriarche, député européen depuis 1984 et président d'honneur du FN, s'est fait réélire dimanche avec 28,8% des voix dans le Sud-Est. Dans une trentaine de villes du Nord, sa fille Marine Le Pen, qui siège à ses côtés depuis 2004, a dépassé 40% des suffrages…
La marque Le Pen s'est imposée : «On parle d'ailleurs de lepénisme et pas de frontisme, remarque Sylvain Crépon, sociologue spécialiste de l'extrême droite, et on se demande ce que serai