Quel est le pays où un jeune chef du gouvernement de centre gauche, en place depuis très peu de temps, vient d’infliger aux élections européennes une raclée retentissante au puissant mouvement populiste europhobe ? L’Italie, cette nation voisine et cousine dont il est de bon ton depuis des décennies de ricaner à Paris. Matteo Renzi, président du Conseil depuis à peine deux mois, nouveau leader du Parti démocrate, est parvenu dimanche à faire mentir tous les sondages et pronostics qui donnaient à l’avance grand vainqueur Beppe Grillo, l’humoriste tragique, chef de file, fondateur et grande vedette nationale du Mouvement Cinq Etoiles (M5S), férocement antieuropéen, sadiquement antisystème. Matteo Renzi n’a pas seulement battu Beppe Grillo dans ce qui était présenté dans la presse italienne comme le duel des duels, il l’a écrasé.
Il y a quinze mois à peine, Beppe Grillo, fulminant des injures d’une violence extravagante, sillonnant l’Italie de meeting en meeting, drainant des foules considérables, exaspérées par l’incurie des majorités politiques successives et par l’enlisement économique du pays, transportant d’enthousiasme ses supporteurs par sa verve transgressive, burlesque et haineuse, avait fait du Mouvement Cinq Etoiles le premier parti d’Italie aux élections législatives. Ce fut alors un tremblement de terre sans précédents, analogue à celui que nous connaissons ici aujourd’hui. Quinze mois plus tard, le Parti démocrate, mené depuis par Matteo Renzi, obtient le meilleur