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TRIBUNE

Européennes : rien ne serait pire que le déni

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Notre parti, Europe Ecologie-Les Verts, a perdu plus d'un million de voix par rapport à 2009. Cela ne peut pas s'expliquer seulement par l'abstention ou l'absence de Daniel Cohn-Bendit.
Lors de la campagne européenne d'EE-LV à Strasbourg le 16 avril 2014. (Photo Patrick Hertzog. AFP)
par François de Rugy, député EE-LV, Jean-Vincent Placé, sénateur EE-LV et Jean Desessard, sénateur EE-LV
publié le 30 mai 2014 à 12h00
(mis à jour le 30 mai 2014 à 12h09)

Après le coup de semonce des municipales, le résultat des élections européennes crée une onde de choc qui se propage à toute la société française. Le 25 mai 2014 restera dans la mémoire collective comme un 21 avril européen. La première place ravie par le Front national est un défi à tous les républicains. C’est le signe d’une exaspération devant la crise et d’un brouillage de tous les repères. On peut tenter de se rassurer, en rappelant le taux d’abstention record, qui rendrait le scrutin «peu significatif», en arguant du type d’élection, favorable à des expressions politiques sans lendemain, en déplorant le peu d’enjeu d’une campagne atone, dont le traitement médiatique fut pour le moins contestable. Oui, on peut toujours tenter de se rassurer. Mais ce ne serait pas seulement une erreur vis-à-vis de nous-mêmes : ce serait aussi une faute vis-à-vis des Français.

Car les Français ont parlé. Par leurs votes, comme par leur refus de participer au scrutin européen, ils nous ont adressé quatre messages.

Le premier s’adresse à la classe politique dans son ensemble : le désaveu infligé par les abstentionnistes est le signe de l’absence de crédit accordé à la parole et à l’action politiques, particulièrement sur l’Europe. Ce sentiment se nourrit d’une impuissance des politiques publiques face aux conséquences d’une mondialisation non maîtrisée.

La construction européenne devrait servir à reconquérir une capacité d’action politique et à protéger, or elle alimente ce sentiment d’abandon