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Interview

Patrick Klugman Jihadisme : «Merah et Nemmouche ont voyagé, ont été "formés" par d’autres»

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Pour Patrick Klugman, avocat de victimes de la tuerie de Toulouse, «personne ne s’auto-embrigade».
publié le 2 juin 2014 à 19h56

Patrick Klugman est l’un des avocats des familles des victimes de la tuerie commise par Mohamed Merah dans l’école juive Ozar Hatorah de Toulouse le 19 mars 2012. Il défend également le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) dans le dossier de l’attentat déjoué contre une épicerie juive de Sarcelles (Val-d’Oise) en octobre 2012 (préparé par la cellule islamiste dite «Cannes-Torcy»). Dans le parcours criminel de Mehdi Nemmouche, l’avocat identifie plusieurs parallèles avec celui de Mohamed Merah. Et appelle à une lutte «sociétale» et non pas uniquement sécuritaire contre ce type de terrorisme.

Vous dites avoir pensé au dossier Merah dès les premières images de la tuerie de Bruxelles…

Oui, parce que la vidéosurveillance du Musée juif de Bruxelles montre un tireur déterminé à tuer, dans un lieu très identifié de la communauté juive, en plein jour, en pleine ville, à visage découvert, en sachant qu’il sera vu, filmé. Ensuite, avec l’arrestation de Mehdi Nemmouche, sont apparues les similitudes dans les parcours. Des jeunes désociabilisés, une entrée dans la petite délinquance, puis une montée en gravité des actes, une radicalisation en prison, des voyages initiatiques, qui mènent au terrorisme.

Y a-t-il pour vous des enseignements à tirer de ces similitudes ?

Oui, et ils sont nombreux. Je pense d’abord à la prison. Il faut absolument y développer encore un travail de surveillance plus fin, mais pas seulement. Si le jihad a pris autant de place en prison, c’est que pour beaucoup de détenus, il n’y a rien d’autre. Que le travail y est trop peu développé, que l’accès à une sociabilité positive est très difficile. A