Il est lyrique et précis à la fois, sûr de lui. Capable de convoquer les grands moments de l'histoire et de citer des philosophes d'un air entendu. Il a le cheveu romantique d'un étudiant et la petite barbe de son époque. Julien Rochedy, 26 ans, est le patron du Front national de la jeunesse. La belle gueule du parti, antidote aux images de crânes rasés. Cela ne fait pas de lui quelqu'un de modéré. Il pense qu'un nouveau cycle s'ouvre, qui balayera la génération post-68. Il se veut le symbole de cette «nouvelle jeunesse». «Ma stratégie, c'est d'incarner cette réaction, politiquement, symboliquement, physiquement. Nous sommes une jeunesse moderne, qui a des smartphones, voyage, fait la fête, mais qui a besoin de structures, de revenir à certains principes et traditions qu'on croyait obsolètes.» Julien Rochedy est né en Ardèche, en 1988. Sa mère, dans les assurances, est «plutôt de gauche», son père, expert-comptable, est une «sorte d'anar de droite qui n'allait pas voter». Il parle aussi d'un aïeul «communiste, prof de français, qui [lui] a donné le goût de la littérature». «Cette réaction-là, raconte-t-il, je l'ai faite moi-même. J'ai baigné dans ces idéaux dominants, ces grands mythes du XXe siècle d'une France ouverte, ultralibérale, européenne. Au collège, je me suis mis à lire l'histoire de France et j'ai appris que tout cela était faux. Je me suis dit qu'on m'avait trompé. Le FN incarne l'opposition à ces folies.»
Portrait
Julien Rochedy, 26 ans, la belle gueule du parti
Article réservé aux abonnés
Julien Rochedy, leader du FNJ, Front national de la jeunesse, le 29 mai à Paris. (Photo Vincent Nguyen (Riva Press) pour Libération)
par Charlotte Rotman
publié le 4 juin 2014 à 18h26
Dans la même rubrique