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Interview

«Le PS est victime de ses contradictions»

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Pour Gérard Grunberg, le parti continue à se vouloir antilibéral dans un monde libéral.
Manuel Valls et François Hollande le 6 juin à Ouistreham. (Photo Alain Jocard. AFP)
publié le 16 juin 2014 à 20h26
(mis à jour le 17 juin 2014 à 10h42)

Pour Gérard Grunberg, politologue au centre d'études européennes de Sciences-Po, spécialiste de la gauche, la qualification de Marine Le Pen en 2017 est «probable».

Quand Manuel Valls agite le spectre d’une «gauche qui peut mourir», est-ce, selon vous, une simple figure de style ?

Cela va bien au delà. Le Premier ministre peut avoir usé de la dramaturgie pour pousser ses troupes à serrer les rangs et à faire preuve de responsabilité. Mais sur le fond, je ne crois pas qu’il y ait exagération. Aujourd’hui, il n’y a plus de gauche pour gouverner. Le Parti socialiste ne peut plus compter sur le soutien des écologistes, moins encore sur celui du Front de gauche et il se développe en son sein une opposition qui menace de paralyser l’action du gouvernement. Pourtant, il n’y a pas de retour en arrière possible, sauf à ce que le gouvernement renonce à l’ensemble de la politique qu’il entend mener.

Comment expliquer cette impuissance?

Par l’incapacité ancienne des socialistes à réactualiser leur vision du monde. Le PS est victime des contradictions qui le travaillent depuis 1983 et le tournant de la rigueur. Il est resté antilibéral et anticapitaliste dans un monde libéral et capitaliste. Bien que s’affirmant pour l’économie de marché, tout compromis entre l’Etat et le patronat relève à ses yeux de la compromission. Ce qui se passe actuellement avec le pacte de responsabilité et les 40 milliards d’allégements de charges prévus pour les entreprises est à cet égard révélateur. Or, il n’est pas possible à la fois de faire ce qu’exigent les anciens alliés du PS ainsi que la gauche de ce parti et de continuer à construire l’Europe te