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Libération
TRIBUNE

Attendons les faits

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publié le 24 juin 2014 à 18h06

Eric Fassin a raison, il existe en France un racisme anti-Roms d’autant plus insupportable qu’il prospère sur l’indifférence. Pire, qui se nourrit parfois de la compréhension de certaines personnalités politiques. Eric Fassin a raison de rappeler certaines déclarations de Manuel Valls ou de Samia Ghali. Ce pays doit cesser d’avoir à l’égard du racisme, de tous les racismes, l’indignation sélective. Cela vaut pour chacun d’entre nous, pour la presse, la justice, la police… Evidemment.

L’ennui est que la pertinence de l’analyse du sociologue repose, dans la sinistre histoire du jeune Darius, sur des faits dont nul ne sait rien, sur un réel fantasmé, sur des amalgames et des contradictions qui, au finale, discréditent le discours. Car, contrairement à ce qu’affirme Eric Fassin, personne aujourd’hui - à part peut-être les juges et les enquêteurs - ne peut prétendre expliquer l’ignoble agression dont a été victime le jeune Rom.

Asséner comme le fait Fassin (en se réfugiant derrière la presse étrangère dont on se demande bien pourquoi elle serait mieux informée que les médias français…) qu'il s'agit d'un crime raciste ne repose, à ce jour, sur aucun fait avéré. Et c'est faire injure à Libération, qui suit avec la plus grande attention cette histoire depuis sa révélation, de laisser croire que nous aurions passé sous silence une telle ignominie.

Comme les journalistes, certains sociologues seraient bien inspirés de se souvenir de l'affaire du RER D, quand presse (dont Lib