Chez les Le Pen, le linge sale ne se lave plus en famille, ni dans le manoir de Montretout (à Saint-Cloud, Hauts-de-Seine), où la tribu cohabite, ni à Nanterre, au «carré», le siège du Front national. Cette fois, le père et la fille ont pris à partie les Français devenus spectateurs d'un psychodrame familial et politique. Communiqués, déclarations dans la presse, lettre ouverte, apostrophes publiques… Pendant cet épisode, «ce qui a manqué, c'est de se parler», constate l'avocat Wallerand de Saint-Just, vieux compagnon de route des Le Pen depuis presque trente ans, candidat du FN aux municiaples à Paris et actuel trésorier du Front nattional.
Un déchirement opportun
Dix jours après une énième sortie antisémite de Jean-Marie Le Pen, critiquée par sa fille, ce n'était toujours pas fait. Et Saint-Just refusait de faire de «la psychanalyse de Monoprix» pour démêler les ressorts de la crise. «C'est très difficile d'apprécier tous les paramètres et les coefficients, je ne sais pas ce qui relève de la politique ou de la vie de famille», explique un autre cadre. En tout cas, «l'invraisemblable imbroglio père-fille» pétrifie les cadres du FN, traumatisés par la violence de la scission avec Mégret il y a plus d'une décennie. Tétanisés par le spectacle, beaucoup le soulignent : «On dit qu'en politique, il faut tuer le père, mais c'est plus dur quand c'est le sien.»
Ceux qui acceptent de parler le font sous couvert d'anonymat. Que ressortira-t-il de cette tourmente ? <