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Analyse

La Cour de cassation perd de sa sérénité

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La mise en cause de deux de ses membres bouscule l’institution réputée «feutrée».
publié le 1er juillet 2014 à 20h16

«Il faut que cette affaire, que l'on peut qualifier diplomatiquement de pénible pour la Cour de cassation, se termine», soupire un magistrat de la plus haute juridiction de l'ordre judiciaire français. Depuis lundi, et le placement en garde à vue de Gilbert Azibert et Patrick Sassoust, soupçonnés de trafic d'influence dans l'affaire des écoutes de Nicolas Sarkozy, la «Cour de cass» vit des heures tourmentées. Symboliquement, la présence de deux magistrats de renom dans ce qui pourrait ressembler à un échange de bons procédés avec l'ex-président de la République porte un coup terrible au désir, sans cesse renouvelé par la classe politique, d'une justice totalement indépendante.

Christophe Régnard, président de l'Union syndicale des magistrats (USM,majoritaire), paraît un tantînet abattu : «Je n'ose même pas imaginer ce qui se passerait si les faits étaient avérés. L'opprobre serait jeté sur toute la Cour de cassation et, par capillarité, sur la magistrature en général.» Toutefois, il juge «tout à fait normal» que ses collègues soient entendus dans ce dossier hautement incandescent. Début mars, des perquisitions avaient été menées au sein même de la Cour de cassation. Une première.

«Replié». Sanctuaire de magistrats expérimentés et supposés incorruptibles, la Cour de cass est un univers qualifié dans le métier de «particulier», «feutré» et «replié sur lui-même». Le pire pour la juridiction est que