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La loi hésite à faire payer le client

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Prostitution : faut-il pénaliser les clients ?dossier
Des sénateurs viennent de gommer la pénalisation des clients du texte de loi sur la prostitution. Le principe, cher au camp des abolitionnistes, est jugé inefficace voire dangereux par des associations de terrain.
Un hôtel de la zone industrielle de Limoges. Le rez-de-chaussée est occupé par des prostituées espagnoles. (Photo Pascal Lachenaud)
publié le 11 juillet 2014 à 19h36

Pénalisera ? Pénalisera pas ? L'arlésienne autour de l'article 16, le plus polémique de la proposition de loi dédiée à la lutte «contre le système prostitutionnel», se poursuivra encore quelques mois dans les couloirs du Parlement. Mardi, la commission spéciale du Sénat, composée de 37 membres et chargée d'élaborer une mouture qui pourrait être débattue cet automne en séance plénière, a voté pour le retrait de la pénalisation des clients, au grand dam de la ministre des Droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem (lire page 4).

Cette suppression intervient après de longs mois d'études, de consultations et de visites sur le terrain. Un travail minutieux dont se félicite Maîtresse Gilda, porte-parole du Syndicat du travail sexuel (Strass) : «La commission spéciale du Sénat aura pris le temps d'écouter tous les points de vue, de prendre en compte les avis des institutions nationales et internationales de santé et de défense des droits humains, ainsi que les preuves disponibles sur les effets néfastes de la pénalisation. Surtout, elle aura pris en compte la parole des premièr(e)s concerné(e)s, à savoir, nous, les travailleur(euse)s du sexe.»

«Illogisme». Voilà plus d'un an qu'un débat passionné autour de cette mesure, jugée «moralisatrice et contre-productive» par les réglementaristes - partisans d'un encadrement -, «symbolique et incontournable» par les abolitionnistes, fait chauffer les hémicycles.