Le groupe socialiste de l’Assemblée nationale se trouve dans la position inédite d’être à la fois le cœur de la majorité gouvernementale et une composante active de la contestation parlementaire, authentifiée par des votes «marqueurs» de défiance à l’égard du Premier ministre et de sa politique.
Certes, ce luxe ne tient que par l’ampleur de la majorité numérique dont il dispose. Mais cette situation est délétère. Elle pèse sur le moral des députés légitimistes, affligés d’être consignés dans l’hémicycle pour éviter que leurs camarades, soudainement choyés par la droite, ne réussissent à mettre le gouvernement en minorité au gré des amendements dont ils l’assiègent. Pour toute récompense de tenir la baraque, ils gagnent auprès de leurs militants et de leurs électeurs en perte de repères, l’image dégradante de godillots serviles face à des frondeurs épiques.
Il est évidemment permis de manifester des désaccords en réunions de groupe majoritaire, de peser sur les textes gouvernementaux et de les amender, y compris d’exprimer au gré des votes des objections de conscience. Peu de parlementaires s’en privent, c’est leur droit et leur honneur ; c’est aussi leur valeur ajoutée.
La fronde à laquelle le groupe socialiste est aux prises à l’Assemblée nationale est d’une autre nature ! Organisée, structurée et abondamment médiatisée, elle s’exprime avec récurrence sur des votes marqueurs d’une contestation de la ligne gouvernementale. Elle ne se soumet ni ne se démet.
Composite, elle semble