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Libération
Interview

«Le couple Elysée-Matignon, c’est du Feydeau»

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Pour Bastien François, la Ve République a rendu le rôle présidentiel impossible à exercer.
Manuel Valls et François Hollande lors du défilé du 14 Juillet, lundi. (Photo Charles Platiau. Reuters)
publié le 14 juillet 2014 à 20h06
(mis à jour le 15 juillet 2014 à 11h34)

Bastien François, 52 ans, est professeur de science politique à l'université Panthéon-Sorbonne. Elu régional Europe Ecologie-les Verts d'Ile-de-France, il a cofondé avec Arnaud Montebourg la Convention pour la VIe République (C6R).

François Hollande n’a pas atteint la moitié de son mandat et voit sa légitimité présidentielle et sa capacité à exercer son leadership contestées. Sa situation est-elle tenable encore trois ans ?

Malheureusement oui. C'est ça, la Ve République : l'impossibilité de peser sur le Président. Solitaire et inatteignable, il peut toujours tenir. Dans une démocratie européenne ordinaire, la majorité parlementaire aurait imposé depuis longtemps un changement de cap, ne serait-ce que pour assurer sa survie. Le vrai problème n'est pas la situation de François Hollande, mais l'état de crise dans lequel la démocratie française s'enfonce sous l'effet de cette impuissance du politique à tracer des perspectives.

Elu au suffrage universel, François Hollande dispose d’un pouvoir de monarque républicain quasi absolu. Il dispose d’une majorité au Parlement, dans les régions…

Le pouvoir est une chose. Les conditions de son exercice en sont une autre. Candidat presque par défaut, en raison du crash new-yorkais de DSK, élu moins sur son nom que contre Sarkozy, ne disposant pas de relais structurés au Parlement ou au sein de son parti - volatilisé entre-temps - Hollande est depuis le début dans une situation de grande faiblesse, incapable même de discipliner ses ministres. Ce qui le sauve, c’est que depuis l’inversion du calendrier et la réforme du quinquennat, les députés sont élus dans la foulée du Président. Ils sont donc dépendants de lui. Mais ce lien de dépendance va-t-il perdurer ? Les 41 abstentions de députés socialistes sur le vote de la trajectoire de réduction de la dépense publique ont été