La peine est sévère. Et les motivations fermes. «Les juges ont voulu marquer les esprits et rendre une décision dissuasive», analyse un avocat spécialiste du droit de la presse. Sur quels fondements les juges du tribunal correctionnel de Cayenne ont-ils décidé de condamner une ex-candidate FN dans les Ardennes - exclue depuis - qui avait comparé Christiane Taubira à un singe à neuf mois de prison ferme, cinq ans d'inéligibilité et 50 000 euros d'amende, ainsi que le FN à 30 000 euros d'amende ? «A la lecture des attendus du procès de Cayenne, on mesure le naufrage de la justice et le ridicule des UMPS qui ont applaudi ce jugement», disait, jeudi, Florian Philippot. Qu'en est-il ?
Dans leur décision (1), les magistrats expliquent que «le fait d'assimiler une personne humaine, quelle qu'elle soit, à un animal, constitue une injure, faite à l'humanité entière». Ils ajoutent que le fait que «cette injure concerne une personne de race noire, supposée arboricole, constitue de toute évidence une injure à caractère raciale, mais aussi une provocation à la haine raciale». Pour eux, «cette caricature [n'est] que le paroxysme des réflexions racistes faites […] dans le cadre du débat sur le "mariage pour tous" à l'encontre de Mme Taubira». Les juges retiennent l'intention «d'avilir la personne visée et, au-delà, toutes les personnes mélanodermiques [noires, ndlr]». Pour le tribunal, l'outrage «va bien au-delà des assimilations