Le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, défend la nouvelle politique migratoire du gouvernement.
Sans l’obligation faite à la France de transposer trois directives européennes, les projets de loi sur l’immigration et le droit d’asile auraient-ils vu le jour ?
Oui, car ces réformes concrétisent d’abord les engagements pris par le président de la République sur le titre de séjour pluriannuel, et permettent de renouer avec la tradition républicaine du droit d’asile, en mettant un terme à des dysfonctionnements. La France est une terre d’immigration et une terre d’asile. Elle doit le demeurer : les pays refermés sur eux-mêmes sont condamnés au déclin.
Votre texte se veut plus sévère envers ceux qui dévoient l’asile à des fins migratoires. Et plus protecteur pour les «vrais» réfugiés. Quel plateau de la balance doit l’emporter ?
C’est l’équilibre qui doit l’emporter. La durée d’attente pour les demandeurs - deux ans voire plus - est trop longue. Pour que ceux qui prétendent légitimement à l’asile puissent bénéficier rapidement de la protection de la France, il faut écarter les demandes injustifiées. Notre objectif est de réduire nos délais de réponse à neuf mois dès 2017.
La création d’un titre de séjour pluriannuel est-elle la contrepartie d’une meilleure intégration ?
Le titre de séjour pluriannuel va justement favoriser l’intégration : il s’inscrira dans un parcours menant à la carte de résident, valable dix ans, pour faciliter l’accès à la langue, à l’emploi, au logement. Comment s’intégrer lorsque l’on va de titre précaire en titre précaire ? Les allers et retours incessants et les files d’attente interminables en préfecture, tout cela sera terminé. En parallèle, l’administration disposera d’outils plus efficaces pour lutter contre la fraude.
Trouvez-vous que l’immigration est assez valorisée dans le discours public en France ?
L’immigration est trop souvent l’objet de postures qui visent à faire peur, alors que nos flux migratoires actuels sont parmi les plus modérés d’Europe. Il faut remet