Il aurait pu accéder aux plus hautes fonctions de l'Etat, il a préféré se retirer de la vie politique du jour au lendemain, comme s'il avait voulu donner un brutal coup de cutter dans le tissu de mensonges qu'était devenue sa vie, du moins l'expliquait-il ainsi. A Libération, le 12 juin 2010, François Léotard, ex-maire de Fréjus, ex-député du Var, ex-ministre de la Défense dans le gouvernement Balladur, ex-président du Parti républicain puis de l'UDF, ne cachait pas le dégoût que lui inspirait désormais la politique : «Je ne crois pas à l'idée de progrès, de progrès humain. Depuis la guerre de Troie jusqu'à aujourd'hui, les humains se sont toujours assassinés les uns les autres. Simplement, ce que j'ai connu lorsque j'étais ministre de la Défense a conforté mes convictions sur la laideur de l'histoire humaine. Alors je ne vis pas dans ce monde-là, j'essaie de bien cultiver mon jardin, de bien aimer mon fils, de bien aimer les gens, mais je suis hanté par cela.»
Hanté par la noirceur, fragilisé par un infarctus et un triple pontage, poursuivi par des dossiers judiciaires dans lesquels son nom apparaît (attentat de Karachi, financement du parti républicain), assommé par la mort de son aîné, Philippe, brûlé par les excès, son double et son antithèse à la fois, comédien pour de vrai quand lui se contentait de la comédie du pouvoir, François Léotard a rompu tous les ponts en 2001. Une retraite monacale sur le tard pour cet homme éternellement tiraillé entre le sp