Professeur d'histoire contemporaine à l'université de Versailles Saint-Quentin, Christian Delporte a publié Come back, ou l'art de revenir en politique (Flammarion).
Un politique annonçant qu’il lève le pied, c’est rare. Qu’il arrête de son plein gré, plus encore. A fortiori en France, où le mythe du survivor est tenace…
Nous avons toujours eu des hommes politiques qui avaient des moments de surmenage, des épisodes où ils craquaient, mais on ne le savait pas. La plupart du temps, ils craquent momentanément, ce fut même le cas d’un Sarkozy après sa défaite aux européennes de 1999. Sur le moment il voulait tout plaquer et trois jours après, il était de nouveau au combat.
On parle souvent de la dépression de Chirac après la présidentielle de 1988. Etait-ce une forme de burn out ?
Sûrement. Giscard a connu la même chose en 1981, De Gaulle était en semi-dépression après l’échec du RPF - sa thérapie a été d’écrire ses mémoires - et Clemenceau n’a plus été dans la vie politique active pendant plus de dix ans.
En France, il y a toujours eu un récit positif autour de ces traversées du désert, de ces prises de recul…
Depuis longtemps, tous les hommes politiques dont on retient le nom ont eu ce type de passage à vide. Pour des raisons différentes, qui peuvent être des défaites, des moments d’isolement ou de découragement.
Les politiques partagent-ils désormais plus facilement leurs coups de blues, leurs doutes, comme gage d’humanité ?
C’est un changement important dans la vie politique. Depuis une trentaine d’années, il est de plus en plus important de montrer qu’on est un être humain. Les politiques n’hésitent plus à partager des moments de faiblesse, surtout une fois qu’ils en sont sortis. Mais l’humanisation de l’homme politique, qui passe aussi par la pipolisation, est une composante de cette recherche de proximité, en disant : je suis un homme ou une femme comme les autres. Ou presque.
Jean-Louis Borloo qui se déleste de l’ensemble de ses mandats alors qu’il annonce faire face à la maladie, cela répond-il à cette problématique de la normalité ? Au siècle dernier, Mitterrand avait choisi une autre voie…
Cela fait partie de la nouvelle façon de faire de la politique et de s’