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Libération
Reportage

Au Café du Croissant, on ne partage pas Jaurès

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François Hollande, les communistes et les responsables du PS ont fait hommage à part ce matin, devant le restaurant parisien où Jean Jaurès a été tué il y a cent ans.
Francois Hollande à la Taverne du Croissant, où fut tué Jean Jaurès le 31 juillet 1914. (Photo Yoan Valat. AFP)
publié le 31 juillet 2014 à 15h24

Cent ans après sa mort, le soir du 31 juillet 1914, on aime encore tellement le grand homme qu'on veut le garder pour soi tout seul. Ce jeudi matin, devant la Taverne du Croissant, dans le IIe arrondissement de Paris, où le père du socialisme français a été tué, on faisait commémorations à part. Et on ne partageait pas Jean Jaurès.

C'est François Hollande, en duo avec le vice-chancelier allemand Sigmar Gabriel, qui ouvre le défilé. Un hommage rapide et quasi silencieux. Le président de la République dépose une gerbe au pied de la plaque commémorant l'endroit où Jaurès est tombé sous les balles d'un jeune nationaliste fanatique. Dans le restaurant nommé alors «Café du croissant», il s'assoit là où était attablé Jaurès. Il achète L'Humanité qui a reproduit la une de l'époque titrée «Jaurès assassiné». Il était «la paix et l'unité, le rassemblement de la République», répond Hollande en signant quelques autographes.

«Reviens mon Jeannot !»

Avant de filer, il est hélé par Christian, un passant coincé derrière la barrière. «François, tu peux déposer ces roses pour Jaurès, de la part de ma femme et moi ? Merci c'est vachement sympa.» Sur le même trottoir, se dresse une affiche «Remember Jaurès». Si le député socialiste était vivant, si on pouvait faire parler son fantôme, que dirait-il ? La question les obsède tous. Pour Jean-Baptiste, l'homme à la pancarte, le pacifiste s'exprimerait «sur le conflit au Proche-Orient et en Ukraine. Et sa voix porte