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Libération
Portrait

Raoul Villain, 29 ans, assassin politique

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L’étudiant, interpellé quelques minutes après son crime, aurait longuement médité son acte.
publié le 3 août 2014 à 20h16

Jean Jaurès était grand et son assassin… minuscule. Raoul Villain, qui est depuis quatre jours prisonnier à la Santé, a été arrêté par l’agent Georges Marty, rue Réaumur, où il tentait de fuir. Marty l’avait vu tirer sur Jaurès. Il n’eut qu’à le suivre et à le ceinturer.

Rêves. C'est un jeune homme de 29 ans, instable, effacé, aussi falot que sa victime était éclatante et forte. Il est le fils de Gustave Villain, greffier du tribunal de Reims, et de Marie-Adèle Collery, internée à l'asile d'aliénés de Châlons-sur-Marne (Marne). Le père s'occupe peu de ses deux fils, Marcel et Raoul. Quant à leur mère, elle est considérée par les médecins aliénistes comme une «démente» totale, atteinte de diverses psychoses et incapable de raisonnements suivis, dangereuse pour ses enfants.

Affligé d’une famille bancale, Villain fait des études chaotiques, toujours timide et velléitaire, quoiqu’agréable, amateur d’art et de culture et souvent fin dans ses réflexions. Il manque son baccalauréat mais veut malgré tout poursuivre ses études. Il obtient un diplôme d’ingénieur agricole puis fréquente les cours de l’école du Louvre, où il ne brille guère, et au collège Stanislas, qui finit par l’écarter pour insuffisance. Il vit d’expédients, seulement soutenu par son père, passant d’un emploi subalterne à l’autre, nourrissant des rêves de réussite très au-dessus de ses capacités.

Depuis quatre jours, la presse s’est saisie de ce parcours incertain et de ce