Lorsqu'il s'agit de confier un portefeuille européen qui implique la surveillance de la rigueur budgétaire, les Allemands - premiers de la classe - rechignent à laisser les Français jouer sur leur terrain de prédilection. Pierre Moscovici est en train d'en faire les frais outre-Rhin. Depuis l'annonce de François Hollande du choix de son candidat à Jean-Claude Juncker, les réactions se multiplient en Allemagne et les négociations s'annoncent âpres. «Ce n'est pas l'homme politique qui est en cause», a déclaré à la radio Wolfgang Schäuble, ministre des Finances du gouvernement Merkel, mais plutôt l'aptitude de la France, «entre tous les pays d'Europe», à gérer ce portefeuille. Il pointe l'incapacité actuelle de la France à contenir son déficit en dessous de la limite réglementaire de 3% du PIB fixée par le pacte de stabilité.
«Crédibilité». Aux propos mesurés de Schäuble s'ajoutent ceux, clairement moins diplomatiques, de Norbert Barthle (CDU), qui a déclaré que «nommer un ancien ministre des Finances qui n'a pas respecté le pacte de stabilité reviendrait à remplacer le diable par Belzebuth». Mi-juillet, Lüder Gerken, le directeur du Centre pour la politique européenne, est allé plus loin en déclarant que le choix français «pourrait nuire à la crédibilité du pacte de stabilité». Et la semaine dernière, Herbert Reul, président du groupe CDU-CSU à Bruxelles, avertissait que «le Parlement européen n'accep