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Interview

«A la Révolution, on a voulu remplacer le terme impôt par celui de contribution»

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Le politicodico (3/5). «Libération» se penche sur les termes repris en boucle dans le discours public. Aujourd’hui, l’historien Nicolas Delalande se concentre sur le «ras-le-bol fiscal» :
Des pièces de deux euros à la monnaie royale de Belgique le 8 décembre 2011. (Photo Yves Herman. Reuters)
publié le 11 août 2014 à 19h16

«Ras-le-bol fiscal», «révolte fiscale», «remise à plat fiscale» : ces derniers mois, l'impôt a été au cœur des débats, de Bercy à Thomas Piketty, en passant par les «bonnets rouges». Nicolas Delalande, historien et auteur des Batailles de l'impôt : consentement et résistances de 1789 à nos jours (Seuil, 2011), en analyse les ressorts.

A quoi renvoie le mot «impôt» ?

Il renvoie à l’idée d’un prélèvement obligatoire, imposé de force aux individus. A tel point qu’à la Révolution française, on a voulu remplacer le terme «impôt» par celui de «contribution». Il y avait un vrai enjeu terminologique : l’impôt renvoyait trop à l’idée d’un prélèvement d’autorité, arbitraire, coercitif. Finalement, c’est le terme d’impôt qui s’est maintenu. Ce mot a une grande portée symbolique, il porte en lui l’image d’un rapport inégalitaire entre le contribuable et l’Etat. Tout comme le fisc, vu comme la main violente et agressive de l’Etat. Quand on parle de ras-le-bol fiscal, on met en scène le face-à-face entre le contribuable et une sorte d’administration vorace, policière, violente. Derrière l’imposition, la fiscalité, il y a de toute façon un rapport d’autorité. La question de la contrainte est toujours sous-jacente.

Après des hausses impopulaires, la priorité du gouvernement est désormais de «faire sortir de l’impôt» des milliers de foyers. Pourquoi ce revirement ?

Au début du quinquennat, augmenter les impôts était indispensable pour faire face à la crise de la dette. Il fallait des ressources pour équilibrer les comptes publics, tout en recherchant des économies. Cela a mis à rude épreuve la question de l’acceptation de l’impôt, ce qui a donné lieu à ce qu’on a a